m |
|||
Ligne 31 : | Ligne 31 : | ||
Ces phrases sont dites dans un mode d’emploi acoustique de 150 minutes (Manuel I, II et III) en 10 langues différentes qu’une station de radio germanophone a récemment diffusé à une heure tardive. Elles ont été écrites par un Uruguayen, natif de Montevidéo, qui s’est retrouvé, en passant par l’Argentine et le Chilie, en Europe, d’abord Paris, puis Lisbonne. Arrivé en tant que violoniste de la nouvelle musique il s’est emparé de la langue d’accueil, du Français, comme d’un jouet anarchique. | Ces phrases sont dites dans un mode d’emploi acoustique de 150 minutes (Manuel I, II et III) en 10 langues différentes qu’une station de radio germanophone a récemment diffusé à une heure tardive. Elles ont été écrites par un Uruguayen, natif de Montevidéo, qui s’est retrouvé, en passant par l’Argentine et le Chilie, en Europe, d’abord Paris, puis Lisbonne. Arrivé en tant que violoniste de la nouvelle musique il s’est emparé de la langue d’accueil, du Français, comme d’un jouet anarchique. | ||
− | + | Alvaro García de Zúñiga est un Don Quichotte des langues, aussi de celles du cinéma et du theâtre. La première pièce que j’ai lu s’appelait ''Théâtre impossible''. Il n’y avait ni personnage, ni action. Quand je m’étonnais de quelques fautes de français, non seulement il ne s’en souciait pas du tout, mais à chaque question confuse de mon côté il en rajoutait immédiatement une. « Si tant de gens dans le monde parlent des langues qu’ils ne maîtrisent pas il n’y a pas de raison pour que cela ne soit pas aussi possible au théâtre. » L’Alvarisation prenait son cours. | |
Ainsi ses deux grand modèles ont eux aussi étés des immigrants qui soumettaient le Français à leur volonté créatrice : Beckett un Irlandais, Ghérasim Luca un Juif roumain. | Ainsi ses deux grand modèles ont eux aussi étés des immigrants qui soumettaient le Français à leur volonté créatrice : Beckett un Irlandais, Ghérasim Luca un Juif roumain. |
Version du 18 mai 2008 à 18:23
Alvaro García de Zúñiga vu par...
Ton fini nous est jamais assez!
à propos de Exercices de Frustration
„Il dit toujours: C’est bien si je ne comprends rien. Comme ça je peux m’imaginer ce que je veux.“
„Trouver le mot qui désigne la réalité signifie aussi soumettre un peu la réalité au mot qu’on utilise.“ „On peut seulement bien (d)écrire qu’en tant qu’étranger.“
„Dans les langues dominantes le plus grand risque est dû au processus de ce qu’on apelle l’Alvarisation.“
„Manuel s’apprète à combattre les moulins à paroles.“
Ces phrases sont dites dans un mode d’emploi acoustique de 150 minutes (Manuel I, II et III) en 10 langues différentes qu’une station de radio germanophone a récemment diffusé à une heure tardive. Elles ont été écrites par un Uruguayen, natif de Montevidéo, qui s’est retrouvé, en passant par l’Argentine et le Chilie, en Europe, d’abord Paris, puis Lisbonne. Arrivé en tant que violoniste de la nouvelle musique il s’est emparé de la langue d’accueil, du Français, comme d’un jouet anarchique.
Alvaro García de Zúñiga est un Don Quichotte des langues, aussi de celles du cinéma et du theâtre. La première pièce que j’ai lu s’appelait Théâtre impossible. Il n’y avait ni personnage, ni action. Quand je m’étonnais de quelques fautes de français, non seulement il ne s’en souciait pas du tout, mais à chaque question confuse de mon côté il en rajoutait immédiatement une. « Si tant de gens dans le monde parlent des langues qu’ils ne maîtrisent pas il n’y a pas de raison pour que cela ne soit pas aussi possible au théâtre. » L’Alvarisation prenait son cours.
Ainsi ses deux grand modèles ont eux aussi étés des immigrants qui soumettaient le Français à leur volonté créatrice : Beckett un Irlandais, Ghérasim Luca un Juif roumain.
Tel que Don Quichotte Zúñiga est sans peur aucune. Et le miracle devient réalité : en 1998 la création de Théâtre impossible a lieu dans la salle ACARTE de la Fondation Gulbenkian à Lisbonne. Le Théâtre ne fait que du cinéma est créé en 1999 au Théâtre National Portugais. La version allemande du „unmögliches Theater“ tourne en 2001/2002 couronné de prix du FFT Düsseldorf aux Sophiensaele berlinois ainsi qu’au Donaufestival en Autriche. Sur Scène er Marne fait sensation en 2005 au „Marathon des mots“ à Toulouse.
Nos Exercices de Frustration sont en ce sens non typiques pour l’œuvre de Zúñiga que la partie centrale reflète explicitement l’expérience historique en Amérique latine, toutefois le spectacle comporte des motifs et procédés caractéristiques de lui : dans la première partie la disparition de toute action, ici par le regard d’une caméra de surveillance dont les images étranges sont vues par des yeux d’enfants dont en revanche la mère est dans le public … - et nous voilà déjà au milieu du cabinet de glaces poétique de ce spectacle où le théâtre se transforme en cinéma et vice versa, où fiction et réalité s’entretissent et où les identités deviennent planantes, pour soudainement culminer dans un hommage au grand inconnu Ghérasim Luca. Sa question impossible Qui suis-je ? pose en passant aussi la question de tout humain se risquant sur un plateau. Observez que cette troisième partie de la représentation est en toute brièveté une création mondiale. Les pièces courtes du Théâtre de bouche n’ont jamais étés montrés en France ! Pour cela aussi il fallait un hardi.
Les dernières phrases qu’à la radio Manuel balbutia couché sur un mode d’emploi de lit d’hôpital, retentissèrent litéralement en hiéroglyphes :
Dernièrement Zúñiga écrivit sa première phrase allemande : „Mein Genug ist fertig.“ (Mon Assez est fini.)
Ton fini nous est jamais assez!
Leopold von Verschuer