De « la tragédie d’Othello » à « radiOthello »
Préface
Aucune de mes pièces, jusqu’à celle-ci, n’a eu droit à un préface. Et le terme est bien choisi, car ces quelques pistes, se veulent
une didascalie, une sorte de mode d’emploi avant de « donner la face ». J’espère que ces réflexions s’avèrent utiles pour tous ceux qui participeront dans la pièce.
La préparation de radiOthello a été longue. Et variée. La tragédie d’Othello occupe depuis très longtemps une place significative dans le « panthéon des références majeures » que je porte comme une valise inséparable, comme un appendice.
Les liaisons établies entre cette œuvre et d’autres aspects particulièrement sensibles à mes intérêts et à mon travail sont très nombreuses. Des sujets aussi variés que l’autre, l’étrange(r), la (in)communication et le qui pro quo, la perception, les valeurs, les comptes à rendre, la subtile frontière qui sépare parfois ce qui nous est propre de ce qui est acquis, l’ontologique du culturel, ce qui est et ce qui paraît.
Dans la chronologie de mes œuvres radiOthello se situe juste après Actueur , trois petits textes de « ni théâtre » avec lesquels j’ai fermé, pour ainsi dire, le cycle de mon écriture théâtrale. En effet, actueur, comportant autant acteur que tueur, venait en quelque sorte en finir avec mes pièces, ac-tuant la propre écriture théâtrale. De cette façon, d’un point de vue strictement littéraire, l’écriture de radiOthello pour moi devait prendre forme a posteriori et de façon non conventionnelle. La solution trouvée est de recourir à des logiciels de captation, reconnaissance et transcription de la voix, pour créer le « texte littéraire définitif » à partir de la somme des interprétations – humaines, machines et encore humaine – et ainsi parvenir au « texte radiOthello », qui sera un objet littéraire en soi – théâtral certes, mais pas dans le sens technique du mot – très insuffisant pour aider à mettre en scène la pièce. De là aussi la nécessité de ce pre-texte didascalique.