Le Cinéma n'est que du Théâtre
version cinématographique de Le Théâtre n'est que du Cinéma d’Alvaro Garcia de Zúñiga
""Le Théâtre n'est que du Cinéma" a été depuis le début supposée devenir un long-métrage. Pendant l'écriture de la pièce – qui, d'une certaine façon est son "négatif" - J'ai commencé à imaginer et à "voir" le film dans ma tête.” AGZ
Synopsis
On pourrait choisir ou tenter de fixer plusieurs trames narratives à propos de ce qui se raconte dans Le Cinéma n’est que du Théâtre. Comme les histoires sont multiples, contentons nous des faits.
Le premier fait est le suivant : dans les coulisses vides d’un théâtre, quelqu’un parle des acteurs et commence par nous dire que le cinéma ouvre les parenthèses.
Ensuite, certains signes artificiels – comme l’utilisation des lumières à la façon de Syberberg ou de One from the heart, dans une séquence qui jusque-là se passe dans un théâtre – nous font supposer que nous sommes à la représentation d’une représentation.
Peu après, à ceci vient s’ajouter une pseudo répétition qui nous conduit à un de ces véritables shows que constituent les Opening Night, théâtrale peut-être, ou, peut-être, cinématographique.
Ce que nous voyons sur la scène de cette « première », c’est un avion, thème récurrent dans le cinéma. Et dans cet avion, pour passer le temps, on passe des films, comme d’habitude, pour amuser les passagers. Il se trouve que quelques-uns de ces passagers sont des acteurs célèbres. Ou du moins ont-ils participé à ces films.
Pendant ce temps (tout nous fait croire que c’est en même temps), au théâtre, la représentation commence. Et la représentation représente un huis clos : un groupe de personnes qui voyage en avion. Ce qui laisse supposer une fin tragique.
Les avions – qui au théâtre n’ont pas de tradition – au cinéma, semblent appartenir tous à ce qu’on appelle le cinéma catastrophe et parfois, au drame.
Malgré cela cet avion nous fait penser souvent à une comédie.
Mais tout ceci n’est peut-être qu’un montage. Un de ces trucs pour nous faire croire. Je dis ceci parce que tout d’un coup on se rend compte que tout, ou une partie de ce qu’on a vu jusqu’à présent, semble être en train d’être monté dans une moviola.
Morts d’ennui – comme il arrive souvent – les passagers, les acteurs et mêmes les monteurs, pour passer le temps s’inventent des histoires. Et les racontent. Et même les jouent. Car le voyage est long. Si long qu’ensuite ils regardent même jusqu’à la télé : un de ces programmes culturels sur la littérature quantique.
Ensuite – peut-être à cause de cela – les choses empirent : les acteurs, les passagers et même les techniciens et les hôtesses de l’air semblent avoir oublié le texte. Ils semblent même ne pas savoir dans quelle partie du film ils se retrouvent.
La même chose se passe dans la pièce, parce qu’un malheur (qui ne vient jamais seul) fait que l’oubli intervient en même temps dans l’avion du film et dans l’avion du théâtre.
Heureusement un réalisateur plein d’expérience – qui par pure coïncidence participait dans ce film – décide d’y mettre un peu d’ordre et faire ne serait-ce qu’un film série B pour, au moins, sauver la face.
En même temps (tout nous porte à croire que c’est pratiquement en même temps) un metteur en scène plein d’expérience – lequel, par une autre coïncidence, participait aussi au film – les fait tous faire un véritable Chorus Line.
Et la face est sauve.
Dommage la terrible tragédie qui suit:
L’avion tombe du ciel sur le théâtre où a lieu la représentation. Et ils meurent tous.
Comme chez Shakespeare. C’est horrible.
Une autre possibilité, finalement, c’est que tout ceci soit sorti d’un crâne au moment où il a été ouvert pour autopsie.
De toute façon nous ne voyons plus rien.
Nous n’entendons plus qu’un type (celui du début) demander que l’on ferme la parenthèse.
De toute façon il n’y a plus d’argent pour la pellicule. Ce qui reste suffit à peine pour le générique.