La langue parle d'elle même. Elle même parle ; et suit son cours. La langue dit, court, discourt, dit tout, dit tout court et suit son cours.
Pour se repérer la langue émet des ondes, ces ondes font courir la langue, qui est la fenêtre du cerveau. Si les yeux sont les fenêtres de l'âme, la langue est la fenêtre du cerveau.
Ça cours, la langue, ça cours et ça suit son cours, c'est le cours de la langue. C'est con ça mais c'est comme ça.
Il faut se méfier de la langue, la donner aux chats, la faire vinaigrer ; sinon la langue peut devenir langagière, suivre son cours sans se soucier du sens, sans cesse. La langue est une ascèse.
La langue se prête à tout. La langue langagière est prête à tout. S'interprète. S'interprète et se prête à toutes les interprétations.
La langue se traduit en nous traduisant et nous trahit en soi disant. Cela soit dit en passant. Cela veut dire qu'on fait comme si on ferait comme ça.
Avec la langue langagière d'ailleurs ici ou ailleurs on peut se faire avoir. Ça se voit. Je l'ai dit cent fois, je l'ai dit sans foi.
On ne peut approcher la langue qu'en restant près d'elle. Car une énigme n'est pas énigmatique sans mots. L'énigme c'est la langue. La langue saute et fait sauter les mots. La langue n'est pas sotte.
Quand elle est écrite, la langue peut se voir, se voir ailleurs, peut se faire voir, se faire voir ailleurs, se faire faire voir. Ailleurs. Se faire voir d'ailleurs.
La langue parle de gauche à droite quand elle est écrite, ceci dit sans connotation, cela veut dire sans con qui note, ou d'autres notations (possibles) du mot connotation, que toute énonciation de la langue se fait à partir de la gauche.
La littérature n'est que le lent gage de la langue. Le langage c'est le lent gage engagé. Le lent gage de la langue c'est le langage.
Une image, à la limite, a ses limites ; la langue non. Quand on tombe dans le risque de la langue on risque de tomber. La langue tombe, sauf l'anglaise qui tongue et tangue tout en tombant.
La langue est tombé dans le texte, et elle s'est aplatie. Pour ça, messieurs et dames, la poésie d'aujourd'hui est inaudible, parce que la langue se lit. L'écrivain lit quand il n'a qu'à écrire. C'est à l'écrivain d'écrire et au lit de lire.
Une langue parlée il faut la fondre ; elle n'est pas bonne. C'est une des plus grandes menaces. C'est pour cela que la (in)consistance de la langue consiste à continuer, car le vrai et le faux ne sont que d'autres formes du frais et du veau.
La langue a les mots et les sons, mes leçons et moissons. Dans la langue tout y passe, passons donc.
La
poésie
est
la
confiture
de
mots
Je le crie
aux quatre vents
je l’ai écrit
aux quatre-vingts
aux quatre vingt-quatre vents
Je viens au bord de la mer pour écrire.
Quand je suis au bord de la mer j'ai envie d'écrire.
Alors, dès que je suis au bord de la mer j'écris.
J'écris le bord de la mer au bord de la mer.
Et c'est à ce moment là que la mer me distrait.
Avec ses sons.
Ses vagues.
Ses sons vagues.
Avec ses vagues sans ses sons.
Avec ses vagues sans saisons.
Avec son horizon.
Et je n'écris plus.
Et je regarde la mer et ses vagues sons.
Et j'oublie que je suis venu pour écrire, pour la décrire.
Et je reste seul avec la mer, oublié.
Et je reste seul avec la mer oubliée.
Et je rêve.
Je rêve d'ailleurs.
Je rêve, d'ailleurs.